Jabiru ?
Depuis 10 ans, je vole avec un Storch Classic équipé d'un moteur Jabiru. Vers les 900 heures, j'avais constaté une perte de compression dans l'un des cylindres : j'ai fait remplacer tous les segments et roder les soupapes dans un atelier spécialisé et, après réflexion, j’ai changé quelques habitudes de ma propre initiative.
Aujourd'hui, j'approche des 1.900 heures et mon moteur ne manifeste aucun signe de fatigue : ses compressions restent équilibrées, comparables à celles d’un moteur récent et la consommation d'huile est rigoureusement stable depuis sa révision des 900 heures. Ce moteur n'est pas muni d'un radiateur d'huile car sa température ne dépasse jamais les 100 degrés.
Tout autour de moi, je vois les Jabiru tomber comme des mouches... mais pas le mien. Pourquoi ? Je ne suis pas mécanicien de formation et les observations qui suivent n’ont aucune valeur scientifique mais découlent d’une simple logique :
1. Il ne faut pas oublier qu’au départ, ce moteur est conçu pour tourner avec de l’avgas ou de la 100LL. Je crois savoir qu’une essence à indice d’octane élevé est destinée à réduire le risque d’auto-allumage en « bridant » quelque peu sa capacité explosive. Au prix d’une légère modification réduisant légèrement la compression, le Jabiru peut fonctionner avec de la « mogas » (essence classique pour voiture), beaucoup moins chère. Toutefois, les matériaux utilisés restent les mêmes et ne sont pas nécessairement adaptés à l'usage d'une essence sans plomb (?)
Le constructeur prétend que, dans ces conditions, son moteur peut tourner avec de l’essence 95 octane. Avec cet indice, j’ai toutefois observé que le Jabiru avait une tendance à l’auto-allumage, sans doute parce que la correction est, disons, symbolique. Je n’utilise donc que de la 98 octane et ce problème a disparu.
2. L’avgas et la 100LL sont des essences plombées et on peut craindre que les soupapes risquent de mal résister à nos essences sans plomb… Qu’à cela ne tienne, après mes 900 heures et le reconditionnement de mon moteur, j’ai systématiquement ajouté du SUBSTITUT DE PLOMB dans l’essence. Aujourd’hui, MON MOTEUR A 1850 HEURES et ne manifeste aucun signe d’usure ( ! )
(Toutes les 100 heures, j'organise une visite gratuite de mes culbuteurs et guides de soupapes...)
3. Tous les moteurs que j’ai vus ouverts et ayant été lubrifiés avec l’huile Aéro Shell (pourtant préconisée par le constructeur), avaient des segments collés dans leur gorge. J’ai attribué le problème aux résidus de la combustion de l’huile qui aurait franchi les segments. J’ai donc changé de marque d’huile pour la « Total Aviation » et je tourne sans problème depuis les 900 heures.
Actuellement, je teste un autre type d’huile contenant des esters et des particules de céramique : elle est mise au point par la firme Xenum et destinée à des moteurs à usage sévère comme les moteurs de compétition. Constat : moteur plus silencieux, plus souple, vibrations réduites. Pour ce qui est de l’usure, on verra à l’ouverture. Informations sur le site :
http://www.xenum.be/fr/start.asp?c=1&l=fr
4. Remarque à propos des radiateurs d’huile :
Généralement, le radiateur d’huile est placé devant les ailettes de refroidissement du carter. Par conséquent, le carter ne reçoit plus que de l’air réchauffé qui ne refroidit plus rien ! La présence du radiateur contrecarre donc le refroidissement du carter et de l’huile qu’il contient. Ce qu’on gagne d’un côté, on le reperd de l’autre. Sans radiateur d’huile, mon moteur ne dépasse jamais la norme et je ne dois ouvrir le clapet de refroidissement supplémentaire qu’au plus fort de l’été. Alors, le radiateur… ? Ornement inutile ???
5. Remarque à propos de réchauffe-carbu :
J'ai volé dans TOUTES les conditions et n'ai jamais constaté de manifestation de givrage : c'est normal, la carbu est placé en plein dans le flux d'air chaud de refroidissement moteur... le réchauffe-carbu est donc un autre ornement inutile... logique.
Je répète que je ne suis pas un « professionnel » mais que mes observations, dont je constate les résultats, peuvent fournir des pistes vers la fiabilité d’un moteur « qui le mérite bien »… et dont on dit un peu n’importe quoi.
Michel Pironet
Pilote Storch à Liernu (EBLN)
PS. J'ai envoyé jadis ces observations à Mr. X. de Jabiru France mais je n'ai même pas reçu d'accusé de réception...